J'avais trop envie d'écrire un truc sur la manière dont il émeut les petites bourgeoises, son regard perdu un brin mystérieux qui crie des insanités dans un silence lourd à porter.
J'avais envie de dire à quel point c'est facile, de minauder en souriant et de faire semblant de ne pas les voir, les filles qui se collent comme des mouches sur une vitre mal lavée.
De dire comme il vous prend la main en vous regardant dans le blanc des yeux et en citant un peintre ou deux qui auraient perçu votre essence et en aurait fait un tableau.
Alors là vous êtes femme, dans ses mains qui vous dessinent comme un sculpteur antique. Vous assumez toutes vos faiblesses parce que ses forces dévastent l'univers.
Avec lui vous êtes une déesse, unique muse du temple de son charme, frénétique petite bête qui gratte la terre sous ses pieds pour y trouver de l'or.
Vous récupérez ce qu'il lance, à la va vite, faisant mine de ne pas savoir.
Il feint si bien l'indifférence que vos excuses sont prêtes : il ne fait pas exprès, de ne pas m'aimer.
Et vous n'êtes bonne qu'à ça, qu'à courir en soufflant comme un âne atrophié derrière cet étalon qui vous a vite semé. Vous êtes de celles qui prient chaque soir pour un peu de bonheur et celles qui pleurent chaque matin de peur de finir seule.
De celles qui grapillent des monceaux de pains quand un buffet plein le renfloue pour les dix années à venir.
De celles qui se tuent dans le fantasme ému d'un amour jamais né.
J'aurais aimé écrire : "fuyez mes belles, c'est ça qui les excite".