querelles assassines

Il y a un an

La Lune est là

Dimanche 18 avril 2010 à 12:17

Cette nuit là avait bien commencé et son ivresse faisait valser les boucles que je n'ai jamais eues. J'étais dans un grand lit, à rêver dans ses bras et je me souviens de cette phrase qui tournait en boucle dans ma tête, comme un 45 tours rayé, "je pourrais passer ma vie à vivre des nuits comme celle-là, qui ne se termineraient pas". 
Et je comptais les secondes en fuyant le sommeil pour goûter son odeur et caresser sa peau jusqu'à la déchirure.
J'étais dans une torpeur momentanée et douce, douce comme l'aurore ou la mer en septembre, qui grise un peu le ciel dans la rosée du soir.
Je ne voulais pas, pas du tout m'endormir, de peur de gâcher la beauté d'un si fatal instant. Je me disais qu'alors au réveil je m'en voudrais et que j'aurais perdu du temps et je pensais que les jours sont faits pour s'aimer, autant que les nuits et qu'en fait la vie n'est peut-être qu'un lit dans lequel on doit s'allonger et faire l'amour jusqu'à la fin.
Et puis au bout de quelques heures à en finir par toucher son avant-bras du bout de mon doigt, j'ai sombré dans le sommeil parce que mon corps avait bien trop souffert de toute cette attirance.
Et au petit matin, la tête qui tangue, et le gâchis, la culpabilité d'avoir perdu deux heures, deux heures à rêver de sa peau et de son cou si doux, de son odeur parfaite et de ses cheveux longs.
Mais je ne l'aime pas, puisqu'il ne faut pas.

Dimanche 11 avril 2010 à 10:41

Nous étions quatre insoumises et désirables petites bêtes à tournoyer entre les tables et voguer de bouches en bouches lorsque le serveur a dit "il est tard maintenant rentrez chez vous mesdemoiselles".
Alors d'un coup, rue des écoles, St Germain la nuit s'endort trop vite, je pleure adossée à cette grille rouillée en espérant que lui là-bas me regarde et me dise que le soleil demain brille.
Marie disparaît avec un hidalgo qui sent le café froid et ça casse les clichés, il aurait au moins pu sentir la sangria.
Ma cigarette se consume jusqu'à la pointe rousse de mes cheveux et je mets peut-être une minute avant de m'en apercevoir, je sens le cochon grillé, le garçon passe en riant et me demande si ça va. 
Je crois que j'ai dis oui.
Et d'un coup il fait jour, peut-être que la nuit avait fui dès le début mais je n'avais rien vu, je ne suis pas Antigone la première à découvrir le jour et à s'en émouvoir. Moi je dis tout le temps oui et je me rends compte du jour trois heures après tout le monde en l'engueulant de n'avoir pas prévenu, les yeux tout saoûls et la robe toute sale. 
Ah oui voilà notre point commun, la robe toute sale.
Bref, encore une bien belle débauche du vendredi, si belle que le samedi est mort-né et qu'hier soir je n'ai pu qu'aller boire une mini-bière avant de m'écrouler, dans les bras de Morphée (et pour une fois pas Paul ou Pierre).
Mais promis demain j'arrête.

(Ben oui on est la semaine.)

Mercredi 7 avril 2010 à 21:38

Les nuages s'effilochent, le temps glisse en avril et mes peurs se dissipent mais pas cette infâmie que l'on appelle amour.
Et pourtant je ne sais plus, je n'ai jamais bien su.
Est-ce toi que j'ai aimé ou est-ce tout ton orgueil, ton incapacité à me prendre la main et à me dire je t'aime, tout ira bien. Quels souvenirs vais-je garder, de tout ça, de tes mots qui se fânent, de ta voix qui s'éloigne dans l'ombrageux regret de notre destinée bien trop vite avortée? Je n'ai pas peur de perdre, je n'ai jamais gagné, je ne suis faite que pour ça, faite pour n'aimer que toi et perdre ma jeunesse à dormir dans des lits qui ne sont pas le tien, à regarder ces hommes minauder devant moi en me rappelant comment je minaude devant toi.
Peut-être n'es-tu qu'un leurre, un cas d'espèce si rare que je crois te savoir, que je crois nous connaître, souvent nous reconnaître alors qu'il n'y à rien, du vent, de l'ignorance et l'amertume qui ronge. 
Je suis trop romanesque pour aimer pour de vrai, pour aimer sincèrement et dans le don de soi, je suis bien trop peureuse pour rentrer dans l'amour et me laisser porter jusqu'à l'apocalypse. 
Alors je continue à répandre un amour qui n'en a que le nom et à savoir au fond que tu ne reçois rien et que je me gaspille.
Et tout est si facile. 

Lundi 5 avril 2010 à 15:41

J'ai jamais été aussi ridicule de toute ma vie sentimentale passée présente future (j'espère).
Je suis une grande malade, incapable d'être en soie comme les filles normales le sont au début tu sais "nianiania je suis une sorte de femme fatale-douce". 
J'ai pas de pudeur, je dépasse constamment cette limite indicible qui permet aux garçons de distinguer les filles saines des autres. Alors qu'au fond je jure devant Dieu que mes fantasmes sont ultra communs, que mes aventures sont parfois hyper chiantes, que je suis pas fan des orgies et que je pourrais très bien ne pas faire l'amour pendant un mois (si on me laisse une dizaine de plaquettes de Toblerone à la place).

Je crois pas avoir de vices honteux ou plus sales que la normale, je suis une fille banale qui se comporte grossièrement, comme un personnage de théâtre tu sais. En même temps j'ai effectivement toujours appris à exagérer parce qu'on me disait que les gens dans le public nous voyaient en tout petits et en tout pâles. Du coup on s'en mettait des couches et on parlait fort en agitant les bras. Tout dans nos corps n'était qu'une amplification programmée de la vie banale des hommes qui nous regardent. 
Et forcément ça laisse des traces. Je profite d'être en soirée pour recréer les personnages que j'ai entassé dans ma cave, je ressors les masques, plonge dans mes entrailles et parle très fort pour qu'on m'entende bien et bouge largement pour qu'on me regarde.
Alors quand Le garçon s'approche en minaudant, qu'il me dit des trucs ultra glamour qui me donnent l'air d'avoir quinze ans en plein fantasme adolescent, je suis censée sourire, parler doucement et agiter mon corps comme une mini vague sensuelle qui laisserait s'échapper un peu de phéromones.
Au lieu de ça je me ressers un verre, le renverse sur sa chemise et ne m'excuse même pas, je ris en jettant ma tête en arrière comme une abruti finie et je l'emmène dans la salle de bain pour essuyer tout cet alcool.

Au bout de cinq minutes le mec m'arrête et dit une phrase extrêmement singulière que je n'oublierai pas :

"jamais le premier soir".


HAHAHAHAHAHAHA



Lundi 5 avril 2010 à 11:39

Ah ! Le retour des emmerdes sentimentales! Je l'attendais si fort que tout me paraissait fade mais c'est bon plus que quelques heures avant le début de la fin.

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