querelles assassines
Il y a un an
La Lune est làMardi 16 mars 2010 à 11:13
Moi je l'ai toujours vécu comme une lame de couteau bien acérée qui pendait au-dessus de ma tête, réduisant quelque peu mes mouvements imprécis.
Pendant très longtemps je suis restée figée dans cette cage dorée qui correspondait parfaitement à l'idée que le regard des autres se fait de l'idéal.
Je vivais dans ses yeux, dans ses attentes, et son désir me collait à la peau, me façonnait sans cesse et me déraisonnait.
J'étais un fantôme que l'on rempli de la sagesse des hommes, que l'on observe avec minutie en ne trouvant presque rien à redire.
Et mes pensées collaient à la situation, mes originalités se perdaient dans l'ennui de leurs soirées mondaines. J'étais le clown typique qui se fond dans le décor à force de sourire, de maugréer parfois mais de toujours amuser son public, quelqu'il soit.
Vous savez, j'ai même eu l'idée de devenir comique. Je me voyais soulever les foules en multipliant le bonheur qu'une dizaine de personnes s'appauvrissaient à vivre en m'écoutant.
Je crois que mon cynisme n'est pas drôle, qu'il est le poison qui creuse mes dernières tranchées, annihilant tout espoir de me confondre vraiment un jour avec ces hommes qui se fourvoient.
Aujourd'hui, j'ai l'impression de le fuir, le regard des autres. Mais ça l'attire.
Triste sire.
Dimanche 14 mars 2010 à 11:36
J'écris comme une merde ces derniers temps en attendant l'éclair royal qui sortira mes mots de leur torpeur morbide de fin d'hiver.
Je suis déprimante un jour sur deux, fluctuante au gré du vent, comme la mer un peu.
Je suis débridée, si impulsive qu'on sent la folie poindre dans mon regard brillant.
Et si morne, si morose et fânée le jour suivant.
Un temps j'ai cru que c'était lui, qui prenait mes dernières défenses et jouait avec mes humeurs comme un chat et sa pelote. Mais je préfère changer d'idée et penser qu'il n'y est pour rien. Qu'il est l'excuse à mes mouvements, à mes contradictions internes.
Il est avéré que j'ai l'alcool mauvais ces derniers temps. C'est pourtant inhabituel. Je suis plutôt du genre heureuse dans mes ivresses.
Mais quand il est là je frôle l'apoplexie en essayant de boire pour faire taire le désir. Finalement je titube, m'accroche à ses cheveux et lui dis des horreurs. Ma logique m'effraie parfois.
Alors voilà, c'est comme un manège un peu. Je suis toujours sur le petit cheval juste derrière lui qui est dans l'hélico et qui me prend de haut. Autour les gens changent, ils vieillissent, le décor tourne et la monde ne se décroche pas. Et dans l'infernal manège je sens ma course contre le temps, mon besoin de tourner en rond en reniflant ses pas comme un bon chien galeux.
S'il lisait tout ça il me détesterait d'être aussi faible. Je suis née pour ce rôle.
Mercredi 10 mars 2010 à 20:48
Ta gueule.
Mercredi 10 mars 2010 à 10:37
Elle a vingt deux ans, en paraît six de moins, au moins, ressemble à un garçon, ses cheveux étonnament courts et décoiffés desquels s'échappe une longue mèche.
Elle est trop propre pour être punk, trop sale pour être belle, elle est trop blanche pour être en forme, pas assez maigre pour être malade.
Dans la rigueur de son regard on sent toutes ses difficultés, à comprendre le monde, ça semble trop cliché, elle s'en fout, si vous saviez.
Son joint précieusement au chaud dans sa poche, elle attend le coin de la rue, l'immeuble d'un ami, le salon défraîchi et l'odeur de tabac.
Et ils feront l'amour comme des enfants hargneux, la rage dans le pantalon et le coeur vide et froid. Ils le feront d'abord parce que c'est évident, c'est une histoire d'hormones et pas de sentiments. Ils le feront lentement puis rageusement en choeur, de concert dans l'ivresse d'une harmonie trop sale.
Mais leur histoire est celle de tous ceux qui s'ignorent, leur histoire est banale et commune et typique. Leur histoire n'est pas belle. Leur histoire éternelle, elle sent l'ignominie de ceux qui ne veulent plus rien, qu'un peu de réconfort dans leurs sombres terreurs. D'un peu de baume au corps quand les brûlures au coeur les étouffent en silence.
Mina s'ébroue, comme un cheval mourrant, elle fume enfin le joint, le laisse se consumer sur la moquette usée. Et s'enfuit dans l'immense, énorme ville en feu.
Lundi 8 mars 2010 à 19:19
Clic clac je virevolte, un peu alourdie par le poids de tes yeux qui passent d'une cuisse à l'autre en posant sur mes reins un famélique dessein.
Clic clac prends moi par dessus toi et ris comme on est beau quand le vent nous assaille et que la ville nous fuit.
Clic clac balance ta mèche sous mon auvent fleuri, envenime moi des heures sur un grand canapé et dans la nuit glacée.
Clic clac, l'amour se fait, l'amour s'y fit, l'amour en renfort dans ton amphore sucrée qui de parjures en moi avait bien trop causé.
Clic clac. Et ne dis surtout pas qu'à deux heures du matin il t'as fallu me fuir.
Clic-clac-pan-pan.
<< élucubration