Mamie marche à côté et on dirait qu'elle vole. Elle tient de sa main tannée le pan de la veste qui n'a de cesse de s'échapper sous l'impulsion mistralienne.
J'aspire alors à n'être qu'une mouette, de celles que l'on observe avec envie, de celles qui tournent au dessus de nos têtes, avec leur air contrit et leurs manières cycliques, de voler et de rire.
Les mouettes ne crient pas il paraît. Pourtant on les entend chanter. On les imagine bien prononcer des discours qui n'ont ni queue ni tête et dont l'ultime issue est de taire le silence.
Les mouettes sont belles, les mouettes s'élancent. Moi j'ai les yeux emplis d'un désir avare, d'un désir égoïste qui me pompe toute entière. D'un désir de sentir, au-delà de cette mer, dans un trois mâts gracieux, ton corps si inspiré.
Ton corps qui m'inspire tant et qui me fait ployer, sous le poids du désir et des maux à venir.
Ton corps, mon tombeau.
Ton corps, douloureux et tranchant. Ton corps recouvert de cette peau qui crie, dans chaque petite parcelle, un désir inouï que mon corps perçoit et à qui il répond, tel un écho vibrant, "imprègne toi de moi".
Ton corps aura ma peau, ta peau j'en veux encore.