querelles assassines

Il y a un an

La Lune est là

Lundi 26 mars 2012 à 11:18

 Je voulais vous dire ça, parce que c'est un moment idéal pour s'épancher. C'est aussi l'endroit rêvé pour l'auto-analyse et toutes ces fantaisies post-modernes, ces fluctuations de l'esprit qu'on n'arrive plus à contrôler. Docteur, j'ai besoin que vous me preniez la main. Je vous assure qu'il ne me manque pas grand chose pour. Guérir. Je crois que le mot c'est GUERIR. Je crois qu'il faut le dire, il paraît que c'est un bon moyen pour s'en sortir. Mais avant toute chose je dois vous avouer que tout cela est beaucoup plus compliqué qu'il n'y paraît. 
D'abord il y a la mer qui s'est étendue sur mon corps en caressant ma tête à reculons. Le va et vient de son mouvement et la douceur de sa venue m'ont rendus ivre de bonheur. Je ne savais pas que l'on pouvait tant aimer. 
D'ailleurs et en toute honnêteté, je ne savais pas grand chose. 
C'était un printemps qui se faisait passer pour un été et, les bras nus, je voguais dans les rues en me laissant porter par le regard d'untel, les mains d'un autre, les cheveux roux de jais qui inondaient la Seine, les mouettes à Paris (j'aime l'idée de les entendre un peu au hasard et quand je veux la mer je n'ai qu'à les écouter pour redevenir heureuse). Le printemps, il faut le noter, notez le docteur je vous en prie, le printemps est lourd à mon coeur. Lourd à porter j'entends, lourd à appréhender. Parce que de toutes ses forces il impose le bonheur. Moi le bonheur je l'emmerde. 
Pardon docteur. Il m'arrive d'être impolie et ce n'est pas faute de me retenir mais parfois les mots sortent avant que je les pense et alors, impossible de les rattraper. 
Enfin, je parle de la mer et Paris s'en mêle, les mouettes et la Seine, les incongruités de mine sprint m'effraient. 
Peu importe si c'était à la mer ou à la ville ou dans un champs ou dans quelque endroit qui apaiserait les romantiques. C'était un endroit doux et frais, comme un printemps qui vous transperce. 
Et je marchais le long des quais, quels qu'ils soient. 
Et je souffrais de ce silence à l'intérieur de moi. 
Je ne savais pas qu'alors cet homme croiserait ma route et qu'il dirait tout bas ce que j'avais envisagé un jour, depuis quelques temps même. 
Nous avons passé quelques temps sur ce banc et en face il y avait les hommes qui peignent, les bouquinistes, un charmant portrait de la vie parisienne ou de la mer du Nord qui est bleue-vert. 
Ils peignaient ce qu'ils voulaient moi je ne voyais rien. Alors le vieil homme m'a dit un tas de choses qui font frémir, qui font plisser les yeux, qui font se vider l'âme et puis qui la remplissent après comme par magie. 
Le vieil homme savait bien pour le printemps qui fait se régénérer les maudits comme il dit, il pense que c'est un fait inaliénable et que, quand on se terre ne hiver on a du mal à renaître avec les fleurs, comme un bourgeon mort-né. 
Voilà l'idée, en somme. 


Mardi 14 février 2012 à 2:16

 C'est drôle, parce que. 
Il est l'heure de l'insomnie. Et nous sommes le 14 aussi. D'ici j'avais perdu la trace, pas le souvenir mais l'envie. Alors comme quand je veux m'enfuir, je fais comme si, de rien n'était. 
ça marche si bien que je peux reconstruire mon personnage de vie chaque semaine, chaque mois, chaque année. Je ne suis alors plus vraiment moi, plus vraiment celle qui disait, ne pensait pas, ces mots là. Il y avait tant de prétention en moi, je comprends d'où viennent mes douleurs, en fait c'est encore mieux, je les vois. 
Je suis bien plus naïve maintenant que je n'ai plus "vingt ans". Vous me direz, vingt-trois c'est comme le reste, rien de plus, rien de moins. Pourtant les choses boum se baladent et ma tête les supporte mal. Alors , traînant ça et là mes angoisses je croque quand même un peu dans ce qui se dit la vie. Je lui bouffe la chair fraiche moi, et la mélodie je l'aime quand elle est vierge, de tout soupçon, sinon tu recommences, je frappe, tu recommences et ça ne s'arrête pas là. Ça s'arrête quand je dis, on arrête. Quand tu as pris les coups et que la musique tictac explose dans mes poumons et que mon ventre bam, explose dans ma poitrine. 
Des choses, j'en dis encore des tas, j'en ai encore des tas à dire, je les laisse de préparer juste, à sortir. 
Et quand elles seront là, elles porteront mon nom, parce que l'anonymat, c'est pas fait pour les filles comme moi.

Dimanche 13 novembre 2011 à 18:24

 À minuit ce matin et les rides du coin de la bouche sourient au plus malin. J'ai voulu vous avoir, nu dans mon corps et mille délices ensuite. Vous y avez versé, votre semence, vos espérances de mal en queue-de-pie, votre arrogance de puceaulitaire. À moi la démesure, que mon corps à jamais se referme sur votre étrange verge, insoluble et poilue. 
Je n'ai aimé les hommes que dans votre langage, avec la pluie sous l'oeil, avec le romantisme en confiture d'oignon. Je n'ai aimé les hommes que dans leur liturgie, dans leurs fracassantes nuits. 
Je prends parfois le plaisir d'en rire, mon corps ploie, c'est à vous que j'offrais mes mains, les hanches aussi. À vous que j'ai donné mes orgasmes d'idées. 
Je ne fais plus l'amour aux hommes intelligents. Avant il n'y avait qu'eux, vous cher ami, sensible à mes envies, regardant trop le lit, léchant sans s'arrêter pour m'électrocuter. 
La taille de l'encéphale n'est jamais, je le pense, si significative et lors de nos ébats je vous entendais dire que la Constitution était comme un poème délicat et serein qui enserrait l'Etat. Comprenez donc comment, il était mal aisé pour moi de bien baiser et combien de ces nuits j'ai passé à creuser cette pensée maladive qui faisait de mon corps une encyclopédie, et de votre pénis une liseuse pleine d'ennui.

Je préfère aujourd'hui ces hommes qui se déversent en gardant leur savoir dans un petit écrin, le coin de leur cerveau le protégeant si bien. Je préfère l'animal qui de sa bouche velue n'essaie pas de me vaincre au Scrabble du désir. Je préfère encore des mains lourdes, qui savent d'instinct où est l'endroit, que des cerveaux téléguidés, par des années philosophiques, à penser le coït en complexe freudien. 

Oui, je l'avoue, j'aime l'animalité, le sexe sauvage et dur, dressé sur trois mât et toutes vos belles idées, cher ami, je les aime, quand j'aurai fait l'amour à m'en briser les reins. 

Dimanche 21 août 2011 à 15:14

 Il m'a laissé les murs retapissés de rouge. La lueur d'une passion qui s'est enfuit si vite, qui a fardé mes nuits et rembrunit mon coeur. J'étais si jeune et le goût de sa bouche était d'une harmonie en tout point comparable à l'air du paradis. J'avais seize ans. Le cran de l'aimer, de lui ouvrir la porte et de rester derrière, tapie dans l'ombre en attendant qu'il entre. 
Je l'aime tu sais. J'ai vingt deux ans et je n'attends plus personne. J'ai laissé les hommes las, dépareillés et sots se glisser dans mon corps et maintenant qu'ils ont fui ou que je suis partie je me regarde un peu de côté, de profil, de face, de fesses rebondies en cheveux allongés et la bouche en coin je marmonne, déçue. 
Quelques kilos en trop parsèment ce corps qu'il y a un an encore était caressé par ses mains jouissantes et extasiées de le trouver si doux et rond dans la mesure. 
Mes seins ont durci, leur pointe fière et dressée vers l'avenir incertain des corps qui se mélangent. Mon ventre s'est arrondi, mes cuisses courbées, mon dos bruni, mes yeux ternis. 
La lueur de la lampe sur la table de chevet ravive tous les souvenirs que je reconstitue. Je fabrique chaque soir avant d'aller dormir, l'histoire de mon histoire, celle que je raconterai quand ils seront plus vieux. 
J'apprends à dire "ton père tu sais était un homme si doué". 
Mais de quel père elle parle. 
Je me demande si je suis obligée de passer les détails de mes nuits amoureuses de ces nuits orgasmiques qui m'ont fendu le corps. 
Est-ce qu'on peut dire à ses enfants qu'on a jouit très fort au rythme délicat que prenait le soleil pour se lever et éclairer la ville? Je rentrais encore ivre, il était 5 heures, le rose du ciel emplissait tout mon être et le désir grimpant le long de mes cuisses, sur mes fesses, écartelant mes membre, délassant mes chevilles et torturant mon cou. Le soleil s'est levé entraînant dans sa course mon plaisir absolu, incandescent et brut. J'ai crié sur la ville un matin de pleine lune. 
Je ris très fort je pleure très fort je vis très fort et n'attend plus mon tour parce que le tour est là la tour s'offusque je prends le roi. 
Mon plaisir analogue, mes ongles qui te lassèrent. A qui parle t'elle celle qui laisse s'échapper les hommes, celle qui s'enfuit dans le dédain, celle qui pleure un amour perdu, celle qui romance tout ce qui la tue. 
Je vibre. 
C'est parfois la mélancolie qui gagne et alors je la laisse entrer, la laisse ramper le long des membres et entrelacer mes complexes, embrasser mes peines anodines et provoquer l'apothéose le désir d'en finir la peur de s'enfolir. 
Avec le temps mes joies sont devenues plus nombreuses, bien plus excitantes que mes peines et je m'ennuie moins bien qu'avant. 
Avec le temps j'ai appris à tous les avoir à séduire le bel inconnu comme l'ami de longue date. Je me demande juste qui sera là, quand j'aurai des rides jusque dans les pieds quand mes souvenirs seront ma seule force, quand je repenserai aux mers que j'ai vu, aux pays dans lesquels j'ai vécu et aux gens, fascinantes personnes que j'ai tant aimés. 
Je me demande juste si je serai seule, si à trop chercher on ne trouve jamais. 

Mardi 29 mars 2011 à 0:43

 Je crois que tout est lié, quand les mots ne viennent plus c'est parce que je ne les tire pas et surtout parce qu'il y a des moments dans la vie où j'oublie tout de la poésie. Alors je suis une cage ancrée dans le réel, amarrée au port de la vérité, ne cherchant plus la beauté du désert et les vagues caressantes. Je suis là, impassible et blessante, le regard forcé et l'âme amaigrie, traînant autour de moi ce qui me paraît cher. 
Je ne chéris plus la beauté d'un mirage ou les visages dorés des animaux lointains. Je ne vibre que pour moi et le sexe dur et fier. 
Ce n'est pas très drôle. J'ai l'impression de sortir de moi, de me regarder faire, lointaine, hautaine et le regard passif. Plus rien ne m'enivre comme parfois, plus rien ne me lève le matin, plus rien que ses mains dans mon corps. Ses mains qui ne me plaisent même pas. Qui m'étouffent et m'enserrent autour de son unique objet, dur comme un tronc, dont la sève me perfore. 
Et pourtant je subis, ses excès de chaleur, ses bonheurs ridicules, ses tremblements émotifs et pathétiques, dans l'espoir d'évincer mes peines, mes hontes et mes tourments. 
Et je suis désolée de me regarder faire et de vous le décrire comme une débutante. 

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