Je ne pense pas non ne dois pas penser à ce départ précipité, à la naissance de l'amour désinvolte et désintéressé, à la croissance immorale de sentiments qui ne reposent que. Sur le vide. D'une âme qui se remplit dans la tienne. Ta main saisit tout mon corps. D'un coup sans désaccord je me plie. Mon poids ne pèse plus que des cris au centième décharnés et charmés de t'aimer déjà, un peu, si fort et n'importe comment.
Oui. C'est l'instabilité foisonnante qui m'oublie. Oui. Ton sourire joue le jeu de la panoplie du désir infini. On ne sait pas pour demain. Non. Jamais. Moi, dans le doute, j'imagine le pire pour ne pas avoir à souffrir de la surprise et de la déception de m'être trompée.
Si je me fourvoie en fantasmes et en pensées migrantes, alors ton départ est maintenu et ton corps qui se détache brûle ma peau au napalm.
Il n'y aura pas de bonnes surprises même si le palpitant derrière crie qu'on ne laisse pas partir de si gentils amours. Oui mais voilà. Il y a la vie derrière, sous-tendue comme une tapisserie de Reims et elle décide un peu sans nous alors je n'ai pas le droit. De casser le fil et de m'enfuir. De me dire que quelque chose m'attend au bout du quai, près du désert, dans une ville étouffante, bondée et absolument trop pour un amour naissant. Trop tout, trop bruyante et trop sale, trop colorée, trop vive, trop découpée du monde, trop éloignée du vide.
Moi j'ai Paris dans la peau, ses grands boulevards blancs et l'odeur absente de ses ruelles si plates. J'ai Paris où plus rien ne m'effraie où l'on a désiré ma venue, où j'ai vu les premiers rayons du soleil d'hiver, où j'ai marché, couru, pleuré, mangé, dormi, vécu pour la première fois.
Je ne peux pas. Partir. Paris. Partir. Comme j'aimerais m'arracher à tes griffes et fuir m'enfuir si loin que le temps n'aurait plus de prise sur le quotidien et alors j'écrirais comme une détraquée, effrénée folie de l'imbécilité je me prendrais des murs oh oui mais dans tes bras et dans une autre langue c'est beau et exotique.
Mais il y a la vie. Qui n'est pas un roman à l'eau de rose.
La vie les rêves le déni de réalité
Ca m'étouffe de ne pas supporter le consensus
vital consensus
commun accord sur les dispositions à prendre en cas d'ennui
Je ne peux pas tout foutre en l'air de manière si récurrente
Reconstruire sur le vide chaque matin c'est penser la vie comme une succession d'instants déliés
Or, il ne nous reste que ça, le contraire, penser la vie comme une construction fragile mais à consolider. Sans précipitation
Je ne sais pas si ça vaut le coup mais l'adolescence est faite pour relativiser et l'âge adulte pour oublier de le faire
Prendre la vie avec un peu plus de gravité alors
Oui
Prendre la vie au sérieux pour une fois
Sinon je n'y tiens plus
Il faut que je me concentre
oui