J’avais toujours attendu ce moment, où l’homme et la mer baltique se rejoindraient en moi. J’avais laissé une place dans l’espoir qu’un matin, ou au coeur de la nuit, l’homme entrerait par la fenêtre laissée soigneusement entrouverte, se glisserait dans mes draps et s’installerait dans l’espace vide à côté de mon corps. Il nicherait sa tête dans le creux de mon cou, là où se rejoignent les tendresses. Là où le désir et l’amour se confondent à l’infini.
IL me dirait, enfin, voici venu le temps, le moment bien aimé où nous nous enfuyons, ne crie pas, je suis là, je suis l’incarnation du rêve et je ne sais quelle magie violente m’a guidée vers chez toi, mais je t’emmène et je m’emmène aussi, vers la Baltique.
J’imaginais mon étonnement, pourquoi pas le Pacifique ? Pourquoi une petite mer pour un si grand amour ? Je nous voyais voguant, faisant l’amour en dorant sur le pont, d’un grand navire sur l’océan, ses vagues quelques fois nous effrayant la vie mais un endroit si grand que nous penserions, très fort et très longtemps. A quoi bon penser le monde que l’on abandonne, me direz-vous, et vous n’auriez pas tort, c’est aussi ce qu’il pense, l’homme à la mer baltique. Il pense qu’une petite mer c’est pour que nous pensions tout ce qu’il y a à penser et qu’on revienne après, pour le vivre, sur la Terre ferme. Je crois qu’il a raison, on ne vit que des rêves sur la mer et que sont-ils si jamais nous n’avons l’espoir de les réaliser ? Les perdre dans le Pacifique, les construire dans la Baltique. Notre choix était fait.