querelles assassines

Il y a un an

La Lune est là

Samedi 16 janvier 2010 à 11:27

Il était 4 heures ce matin là et le mec avait vomi à mes pieds en descendant du Noctilien. Je décidais donc de rentrer en Vélib bien que ma tête tournoyait alors complètement. Je mis environ 30 minutes à comprendre que si ma carte imagine R ne passait pas c'était à cause du point rouge à côté du vélo.
20 minutes plus tard j'arrivais à la maison, j'enclenchais le truc en attendant bip bip et je montais difficilement l'escalier sinueux conduisant à mon lit. 
Il était tôt ou tard (question de point de vue), alors j'avais pas besoin de réfléchir normalement. Je devais rentrer, enlever mes bottes, mon manteau, mon bonnet et mon écharpe, poser tout ça sur le fauteuil ramassis de l'entrée, enlever ma robe de prostituée du lundi aussi, mes collants troués que je ne jetterai pas même si le trou s'était allongé jusqu'à mon presque entrejambe ce qui me donnait l'air encore plus vulgaire que ce que j'espérais initialement.
Et finalement je devais me jeter dans mon lit, m'enrouler dans la couette dans une technique de sioux et ne pas me réveiller jusqu'à au moins 14 heures le lendemain.
Voilà ça c'est le scénario classique qui me stabilise et auquel j'essaie de ne pas déroger pour ne pas me perdre trop dans le dédale. 
Sauf qu'à peine la porte ouverte, j'ai senti une pression sur ma main, venue de derrière. Quelqu'un qui se collait contre mon corps et qui m'empoignait assez fort. Il se met à me pousser dans l'entrée tout en me maintenant contre lui pour que je reste debout, il ferme la porte en même temps sans faire trop de bruit. Tout ça se passe très vite, tellement que je ne réalise même pas. Je ne crie pas, mon coeur n'accélère même pas, je m'en fous.
Il me porte et me jette sur le lit. Il commence à m'embrasser dans le coup en respirant très fort. 
Il dit que je lui ai manqué et qu'il m'attend depuis minuit parce qu'on devait dormir ensemble cette nuit.
C'est vrai que j'avais oublié, et je comprends malgré mon état, pourquoi. J'avais oublié de l'appeler parce que de toute façon il m'attendrait. Alors j'ai bu sans restriction, j'ai dansé sans pudeur, j'ai fait n'importe quoi comme une célibataire.

Je suis sans peur et sans reproche, il est toujours derrière la porte. 

Mardi 12 janvier 2010 à 17:14

J'ai des plis quelque part qui me tordent et leur douleur mortelle, délicatement, m'endort. J'ai des doutes sur l'existence du Nord, les principes de la rue, les vicères de ma mère. J'ai la foi, le phobie du bon Dieu mais quelque chose de doux, dans mon ventre si creux. J'ai pas peur, de mourir ou de boire, juste d'y voir trop clair. Ne plus fermer les yeux la nuit et avoir des cernes tous les jours. Voila mes hantises et le mal qui me ronge. J'ai pas froid, cette nourriture terrestre qui m'abreuve de silences, cette insatisfaction qui me ronge les os, cette inhumanité dans ton sourire en coin. Et ma peau qui résonne comme dans un arbre creux. 
Souvent ma tête se vide, devant mes yeux se traîne une ribambelle d'oiseaux petits et gros moineaux qui rient à gorge rouge déployée, titubants, lorgnant sur mes lacets défaits.
Je vous aime comme au premier jour, comme un sourd qui voudrait éclore, et pondre sur la Terre deux oisillons dorés dans un coquetier rouge.
Je vous aime comme un chat de paille qui miaule en souvenir du temps, à jamais perdu.

Samedi 9 janvier 2010 à 10:37

Je suis prise au piège par mes propres contrariétés, mes sautes d'humeur me rappellent combien je suis instable, je devrais entamer une psychanalyse au lieu de changer de psy tous les mois parce que je me sens incomprise.

Ou alors peut-être qu'effectivement la société ne me comprend pas, mais oui c'est ça.

En fait c'est pas moi le problème. C'est les autres.

Jeudi 7 janvier 2010 à 13:35

Souvent j'hésite entre l'envie d'éclater de rire en y pensant, d'un gros rire gras et nerveux qui suinterait l'hypocrisie, mais d'un rire quand même, et l'envie d'en chialer jusqu'à perdre toutes mes forces et me laisser glisser comme une feuille morte qui tourne avant de s'écraser au sol.
Je repense à cette nuit dans la tente où mes chers et tendres amis venaient de rompre, personne ne savait pourquoi mais ça criait de tous les côtés et les uns applaudissaient tandis que les autres faisaient figure d'êtres empathiques. 
Moi j'étais allongée sur un tout petit matelas en mousse comme ceux qu'utilisent les grands-mères pour faire de la gymnastique le mardi soir, et j'avais la sensation que la grosse pierre qui végétait sous mon dos allait bientôt me transpercer l'estomac et me faire mourir.
Pour autant je ne bougeais pas, attendant peut-être patiemment la fin ou plutôt, n'ayant certainement aucune conscience de ce qu'elle représentait.
Nous étions ivres jusqu'aux os. Quelque chose de grand, de terrifiant, de traumatisant même, comme nous ne l'avions encore jamais vécu. A vrai dire on avait quinze ans et on commençait à ne plus supporter que l'alcool d'homme, le vin foutant la gerbe et un mal de tête impossible le lendemain.
C'est à peu près à cette période qu'on s'est mis à tester le whisky, la vodka étant un truc d'ado attardé qui faisait semblant de se murger aux Planches, revendiquant son appartenance à la valeureuse "jeunesse dorée". 
Ce week end là on s'ennuyait si fort dans nos appartements, que l'idée de Lola d'aller à la campagne était tombée dans l'oreille des sourds que nous étions pourtant.
La campagne, c'était le bout du RER. Lola avait une tante qui vivait dans ce coin alors on a pris des outils de campeurs et des grosses doudounes, en avril il faisait encore froid, et on a installé le camp de scoots dégénérés pas très loin d'un lac. Il pleuvait. Une sale bruine dérangeant qui ne nous amusait pas au début. Mais tout passe.
Voilà à peu près l'état des lieux au commencement et puis après, les seules images qui me restent sont le caillou dans le dos, le vomi du haut d'un arbre duquel Pierre ne pouvait plus redescendre (je crois même me souvenir qu'il y a passé la nuit jusqu'au lever du jour), le feu de bois qui n'a jamais pris à cause de l'humidité, et son regard dédaigneux quand il m'a dit "j'arrive pas à tout gérer". 

J'arrive pas à tout gérer.
Et pourquoi je n'étais pas la priorité? Pourquoi les considérations bassement matérielles primaient mon amour et notre fusion?

Voilà, le printemps de mes presque quinze ans. Ma première grande désillusion, le début d'une descente en cascade vers la source abyssale de nos amours adolescents.

Si nous sommes restés sensiblement les mêmes aujourd'hui, c'est à cause de ce soir en campagne dont personne ne reparle, ce soir où nos corps ont frôlé le revers du paradis artificiel, ce soir où nous nous sommes révélés à la lueur de nos quinze ans, dans la beauté pure et éphémère d'une jeunesse qui ne le sait pas. 
Ce soir où nous avons choisi. 

Mercredi 6 janvier 2010 à 11:30

J'ai hâte d'être dans vingt ou trente ans quand j'intitulerais mon roman "J'avais vingt ans pendant la crise". 
Ca accroche ça, on me mettra en tête de gondole au supermarché à côté des mémoires de Lorie (qui racontera sa douleur depuis le décès de Garou dans un accident de voiture) et puis pleins de gens qui auront le même âge que moi à peu de choses près verseront une larme à chaque souvenir bourré de nostalgie que j'écrirais (toutes les cinq lignes pour garder le rythme, c'est un truc d'éditeur).
Les intellos crieront toujours au scandale de voir une merde de la sorte récolter les faveurs du public et moi je dirais à la télé sur la chaîne ENTERTAINING TV (qui revendiquera ses origines américano-populaires), que l'intelligentsia me gave à toujours me prendre de haut alors que je donne quand même du BONHEUR aux gens (pour toi Patrick S.). 
J'enchaînerais les plateaux télé où on doit danser et montrer ses fesses (sur-entraînées au Power Plate et autres pilules musclantes) pour rappeler qu'on existe comme Lio s'évertue à le faire depuis les prémices de son existence télévisuelle (précisons que l'image d'une Lio sexuelle dans vingt ans ne m'excite pas vraiment) et j'aurais même ma marionette aux guignols (mais ils seront en 3D un peu comme Oui-oui quand il est passé à l'an 2000). 
Dans vingt ans je serai riche et célèbre grâce à mes souvenirs et mes fesses, ça vaut le coup d'attendre un peu.

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